On croyait avoir tout vu en terme de transport : nous avions tort. Bien que nous ayons choisi la meilleure compagnie locale, ce trajet de 13h pour 262 km fut un sérieux cauchemar. Au delà de la route en elle-même, en terre alors qu’elle relie la ville la plus touristique du pays à la plus grande, ce sont vraiment les comportements des Boliviens qui nous ont laissé un souvenir impérissable…
Sales, prenant le bus pour une poubelle, on vous passe les détails mais on a tout eu, et même plus puisque Marco est ressorti de cette décharge roulante avec une méchante protubérance sur le front. Deux jours plus tard on sera obligés d’aller à l’hôpital vu la mauvaise tournure que ça prend, un kyste s’étant invité…
On finit tout de même par arriver à Santa Cruz, la plus grande ville de Bolivie et capitale de « l’Oriente ». Tout y est très différent. Fini l’altiplano, on est redescendu au niveau de la mer. Les Boliviens sont moins typés, plus détendus, accueillants. Ca sent la vie douce des cités tropicales. On y a découvert un resto formidable à tous points de vue, ensoleillé sur la grande place, où on a pu déguster une salade au camembert en écoutant Gainsbourg et Paris Combo, qui l’eut cru.
Peu de voyageurs de nos âges arpentent les routes sud-américaines sans Ipod, Mp3, discman ou autres. Parfois ce plaisir de l’écoute nous manque un peu.
Province dynamique, la région de Santa Cruz nourrit toute la Bolivie et contribue à hauteur des 2/3 du PIB. Pragmatiques et libéraux, les habitants se fichent du régime communisto-ethnique porté par « Evo », le Président Morales, et réclament un statut d’autonomie. Ils souhaiteraient par exemple la construction de routes et exploiter leurs ressources en gaz dont les Argentins et les Chiliens sont grands consommateurs. Seulement, ils ne sont pas censés vendre quoi que ce soit à ces derniers, avec qui l’Etat bolivien n’entretient plus de relations diplomatiques (privation de l’accès bolivien à la mer oblige).
Après 3 agréables jours à Santa-Cruz, et plutôt que de perdre du temps dans une hypothétique traversée de la jungle brésilienne (Pantanal), on décide de prendre l’avion pour Rio. Pas de bol, l’unique compagnie à notre portée ne prend pas nos CB. Il faudra donc traverser cette jungle. Petit problème : il est obligatoire d’avoir été vacciné au moins 10 jours avant le passage de la frontière brésilienne contre la fièvre jaune. Consternation… Qui ne durera pas plus de 3 minutes car la charmante dame de l’agence va nous vendre le vari/faux sésame pour 10 $ - moi j ai été vaccinée avant le Kenya et Marco… pense aussi l’avoir été.
Comme il est hors de question de reprendre le bus, nous choisissons de monter à bord de « l’Infamous Death Train ». 18h pour rejoindre la frontière. C’est peu cher, agréable, et à chaque arrêt, des marchands nous abreuvent de limonade, café, thé, empanadas, brochettes etc. J’essaierai tout. On s’endort avec une lune énorme et jaune qui domine la forêt.
Au matin, on passe la frontière de Quijarro à Corumba : BRACHIL !
C’est le choc ! Oubliée la Bolivie, les peaux sont plus noires… et dénudées. C’est la tong attitude. On adore.
Puisqu’on est finalement dans ce lieu unique au monde en manière de faune et de flore, on décide de visiter le Pantanal.
Depuis Corumba, on n’a pas forcément choisi la bonne agence parmi les deux qui font visiter la région (la faute au Lonely!), toujours est il que c’est avec Ecological Expeditions que nous nous engageons à passer 3 jours au fin fond du Pantanal.
Sur la route du camp nous voyons des floppées de gentils caïmans, représentants de leurs quelques 20 millions de congénères qui peuplent la région, des cerfs, des hérons, toucans et des dizaines de jolis oiseaux dont nous ne connaissons pas le nom.
Le camp est rustique, et Lisou découvre les nuits en hamacs. On commence par pêcher le piranha lors d’une balade en bateau, sur une rivière cernée par la jungle et les chants d’oiseaux. La barque est petite, les caïmans proches, et Marco tripe bien sûr avec les singes perchés sur la rive.
Le lendemain, après une froide nuit, balade en tongs ( !) dans la jungle puis 3 heures à cheval. On a vu des perroquets bleus Aras, magnifiques et romantiques puisqu’ils restent toute leur vie avec leur partenaire et ne se remarient jamais si l’un vient à mourir. Beaucoup de jaburus, des cigognes à tête noire qui sont l’emblème du parc, un cochon d’eau, un tatou affairé.
Lors de notre dernière matinée, nous verrons un couple de tamanoirs tout tranquille à notre approche pour la simple raison qu’ils n’y voient goutte.
C’était assez spectaculaire ce changement d’environnement, ces marais où l’agitation des animaux domine le bruit des hommes. Le Pantanal grouille de vie, la terre et surtout le ciel où toucans, perroquet, hérons, jaburus et autres se croisent, chacun vacant à ses occupations et cherchant sa destination.
Dommage qu’on n’ait pas pu se sentir en confiance avec le guide, parce que lui comme ses collègues picolaient leur mère sans se soucier beaucoup des gringos. Une légère impression d’être du bétail parfois. Exemples : dans un marais qui regorge de vipères, d’anacondas, de piranhas, de crocodiles, ils nous emmènent pieds nus et sans conseil.
Pour pimenter le tout, on voyage avec un pote australien très brut de décoffrage : il mange, fucking good, il tousse, fuck off, il s’énerve, fucker.
On l’abandonne dans le Pantanal et on pousse jusqu’à Bonito, par amour des poissons et des eaux claires.
En effet, Bonito (« mignon ») dispose de plusieurs sites de rivières limpides et poissonneuses. Les prix brésiliens nous ont cependant heurtés après la Bolivie. On ira donc à l’endroit le plus abordable, mais qui reste paradisiaque. Fond transparent, gros poissons brillants à portée de main, oiseaux multicolores et eaux de coco. Dur le Brésil…
Le soir, nous irons en 5 heures à Campo Grande, afin d’attraper un bus pour Rio et avaler 23 heures de trajet.